Réfléchir sur (3xRien), demeurer dans le léger pour ne pas s'abîmer dans le grave.

Souvenirs d’amitié

PAUCA VERBA DE EIS QUI HIC ERANT…

« Quelques mots au sujet de  ceux qui étaient  ici »… et qui n’y sont plus qu’en pensées.

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Cette image montre Néo à travers un cache pour dire que la semaine passée,  un autre de mes voisins  a pris le départ pour l’autre monde…

La maladie et le grand âge ont précipité le départ, vers un ailleurs inimaginable, de ces aînés que j’avais rencontrés avec tant de plaisir, de ces voisins qui nous avaient accueillis dans leur quartier et fait l’honneur de nous inviter chez eux.

J’ai, bien sûr, exprimé  à leurs épouses, qui m’ont manifesté tant d’amitié, que je conserverai toujours le souvenir vivace de leurs époux, si bons pères pour leurs familles, si estimables pour tous.

Je veux  placer ici, où j’ai déjà évoqué le couple de Pierre qui m’avait impressionnée par la beauté de leur amour fidèle, quelques pensée pour nos deux amis. Chaque  fois que je cliquerai sur cet article, ce sera comme rallumer la flamme de leur sourire.

Le prénom de Rissel résonne comme un écho dans celui de son fils et tous deux se ressemblent tant que mon voisin d’en face est très souvent de retour dans ma mémoire. Sa jovialité, ses excellents conseils, ses grandes qualités dans  la pratique de son art (la plomberie), ses conversations enrichissantes, sa générosité, son charme de Méditerranéen, son rire franc, son caractère si agréable et ses bons mots… Je n’en oublie pas une miette.

Xavier est pour toujours « le golfeur », dans mon esprit.

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Il pratiquait encore en juillet ce sport qu’il aimait tant.  Son élégance naturelle, sa gentillesse profonde, son altruisme, sa compétence en tant que Président de notre résidence, son amour de la Nature, sa présence tutélaire qui nous rassurait tous, le ton si paternel avec lequel il s’inquiétait du bien être de chacun en s’avançant pour nous serrer la main, de cette façon unique qui n’appartenait qu’à lui,  font que ce Monsieur si attentionné pour son épouse  ne peut pas s’oublier non plus.

Ces deux bons pères ne se promènent plus dans leur jardin, où je les apercevais avec tant de plaisir… Mais je suis sûre que, quelque part, l’un blague avec les anges tandis que l’autre joue au golf du Paradis…

Et je pense à ceux qui restent…

(J’illustre mes propos avec des photos qui me paraissent suggérer qu’il existe, ce lieu, là tout près,  où tout ceux que j’ai appréciés peuvent s’évoquer…  Une dimension parallèle à trois pas d’ici.)

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Pierre:

PierrePierre est parti rejoindre son épouse, Nina…

où? Je ne sais pas. Que savons-nous de la mort?

Je suis allée à l’enterrement de Pierre et j’ai appris… qu’il ne s’appelait même pas Pierre… mais Gaëtan! Que savons-nous des vivants?

Nous, nous connaissions peu  ce voisin avec qui nous aimions plaisanter et qui aimait marcher comme nous. Il était d’origine italienne. Nous aimions apercevoir, au détour d’une rue, sa chevelure blanche, au loin, qui partait ou revenait de notre résidence. Sa jovialité indéfectible faisait plaisir à voir et nous admirions son courage. Nous ne connaissions même pas sa famille, son fils…

Nous avions juste rencontré son épouse … chez des voisins et amis communs. L’amour de Pierre pour Nina nous a paru très beau. Elle était malade depuis des années, de cancers divers… et lui l’assistait… assistait surtout à ses souffrances, impuissant… Alors il marchait pour se changer un peu les idées de cette obsession qu’était la pensée qu’elle allait le quitter, partir avant lui en le laissant.

Et puis elle est effectivement partie la première, comme prévu. Et il a tant pleuré qu’il ne pouvait même plus s’en remettre et même plus marcher. Il nous avait dit que les démarches  administratives sont des plus pénibles pour qui est dans la peine mais que son fils l’aidait bien.  Néanmoins il en était tombé malade à son tour.

Par une amie commune nous avons entendu cette histoire terrible: un jour il a décroché le téléphone et il a entendu… la voix de Nina! Comme c’était un enregistrement de la boîte vocale, il a pu le faire réécouter à son fils… et c’était vrai, c’était bien la voix de Nina! Un appel qu’elle avait passé chez eux depuis sa chambre d’hôpital, peu de temps avant sa mort  et elle lui demandait de venir la voir! Un truc à devenir fou!

Et puis il a été si malade qu’il est allé à l’hôpital lui aussi et il espérait mourir mais la mort se faisait attendre. Il a encore souffert…

Voilà… il est enfin parti rejoindre sa femme, qui l’avait quitté  en mai dernier, huit mois plus tôt.

A l’église, les paroles de son fils ont été très émouvantes et un très bel hommage. J’ai vu que Pierre et Nina se partagent la physionomie de leur fils et qu’ils ont six petits-enfants… La vie continue et tant mieux.

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En novembre 2012, dans notre famille,  Tata Yoyo partait rejoindre Tonton Gilbert, juste deux mois après l’avoir perdu et…  d’un infarctus alors qu’elle n’avait jamais été malade du cœur…  Certes ces quatre personnes étaient nonagénaires et autour de nous, dans notre quartier, nos amis sont âgés. Je vais en voir partir avant moi mais je n’avais jamais auparavant ressenti la fréquence des passages de  la mort comme ces temps derniers.

Je n’ai « que » 55 ans…  Mais j’ai toujours réfléchi à la mort; j’ai même déjà écrit mon épitaphe, à la manière des Romains qui bordaient les routes des sépultures portant des remarques philosophiques.

Il faut ne garder de tous ceux qu’on a rencontrés que les meilleurs moments car il y en a toujours eu, même avec ceux qui nous ont agacés, blessés, déçus ou se sont simplement détournés de nous.

J’espère que tous ceux qui m’ont connue sauront ne conserver de moi que les meilleurs souvenirs. Tout le reste n’a pas d’intérêt.

Il n’y aura pas grand monde à mon enterrement et cela m’importe peu. Je le souhaite même car je n’ai pas recherché la gloire et je cultive désormais très peu l’amitié.

Il reste ma famille à moi (c’est un pléonasme volontaire) et pour me rendre hommage je veux qu’on ne parle que de mes rires et de mes chants, de mes créations, de mon mari et de mes enfants. Que du positif et de la beauté. De mes enfants surtout. Rien n’a eu et n’aura jamais plus d’importance pour moi que mes enfants, mon  mari et mes chats.

Pierre, tu marcheras longtemps dans notre mémoire, illuminé par le sourire de ton épouse.

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