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Fictions diverses

De « l’arc narratif »

Photo de Francesco Ungaro sur Pexels.com

Plusieurs philonautes emploient la notion « d’arc » dans leurs analyses de lectures, notion à laquelle je n’avais jamais pensé pendant mes études, puisqu’on ne l’avait pas encore nommée comme telle et que je n’ai pas eu à l’enseigner pendant ma vie active parce qu’on ne nous avait pas formés à l’écriture de roman ou de scénario mais seulement à leur analyse !
En littérature, il était donc question de « schéma narratif » pour rendre compte de la progression d’un récit ( situation initiale – Élément perturbateur – péripéties – élément de résolution puis situation finale) et aussi de « schéma actanciel » pour définir les relations entre les personnages ( protagonistes ou secondaires) par rapport à la quête principale ( avec ses adjuvants et opposants) ou des objectifs épisodiques venant remettre en question la quête ultime du ou des héros, réorganisant les faits à la lumière de révélations ou de situations inattendues.
On m’a menée, autrefois, à parler d’économie d’un récit pour évoquer la part des développements plus ou moins digressifs ajoutant du rythme à l’ensemble et à définir la fonction des éléments du récit dans sa progression. J’ai souvent eu à determiner si la narration était soit linéaire car dans l’ordre chronologique des faits, soit discursive, en comparant le temps du narrateur au temps de l’histoire, celui des faits narrés ( avec analepses, prolepses, pauses, scènes et ellipses ou encore sommaires de faits… On parlait aussi d’élasticité du récit en fonction des points sur lesquels le narrateur voulait mettre l’accent)…
Puis, quand la lubie est arrivée d’affirmer que « tout est discours », (même le récit conçu comme discours du locuteur… ! ), on a distingué les points de vue narratifs (interne, externe ou omniscient) suivant que le narrateur était personnage de son récit ou pas, demeurant un spectateur ou encore qu’il se montrait en train de commenter son récit et d’y intervenir pour parler au lecteur, (faisant donc la distinction entre des récits à la première personne/ à la troisième sans intervention/ à la troisième avec commentaires). Ces distinctions étant toutes remises en question dans le « nouveau roman » du vingtième siècle mais habituelles pour les autres « mouvements littéraires ».

En 2021 seulement, une inspectrice avait employé ce terme en ma présence, pour se plaindre des enseignants qui lui servaient des cours remplis de schémas narratif et de tableaux divers, oubliant la dynamique du récit et le plaisir de lire… Mais je ronronnais dans ma dernière année d’exercice et n’avais soudain plus « d’appétence » pour les recherches personnelles… J’ai même fini cette période de ma vie totalement dégoûtée de l’analyse et j’ai perdu le goût des longues lectures pendant deux ans !

J’aurais pourtant pu découvrir cette notion « d’arc narratif » plus tôt si je m’étais intéressée à l’écriture de roman et aux scénaristes mais je n’ai jamais eu la prétention ( me sachant inapte) à écrire un livre moi-même. Or mes dernières recherches sur ce sujet visant à déterminer qui était l’auteur de ce métalangage ( je n’ai pas trouvé la référence exacte ) m’ont permis de constater son emploi dès 2016, par exemple dans un article de Mathieu Nicod « Arc narratif et intrigues multiples » ( M.Nicod est détenteur d’un master « métier de la rédaction » et travaille dans le marketing à Lille) qui en permettait la connaissance…. Pour l’écriture de scénario, on trouve sur internet une image contenant ce terme qui est en définitive un synonyme de « schéma narratif » dans le cours de cinéma de Christopher Guyon . ( Cf auto présentation de C. Guyon ) Ce dernier introduit l’idée du point culminant de l’intrigue ou climax et différencie l’arc narratif en tant que « chemin de l’histoire global » des « arcs de personnages« …

Peu importe donc qui a employé en premier ces mots, que j’ai rencontrés plusieurs fois dans des compte-rendus de lecture récents et que mon esprit de « technicienne en littérature » (🤣) estimait être un doublon assez inutile…
Il n’en est rien puisqu’une fois qu’on a compris que cet arc n’est pas une arme mais un terme d’architecture ( !!! ) et qu’on s’est représenté mentalement la structure d’une cathédrale gothique on perçoit que ces arcs qui se rejoignent tout en haut dans une clé de voûte représentent mieux le type le plus apprécié de narration à l’heure actuelle : le récit choral. De nos jours les deux premiers protagonistes sont toujours accompagnés de personnages secondaires récurrents qui amusent, séduisent, inquiètent autant le lecteur que les héros de l’oeuvre. Il faut donc que leur histoire s’adosse au récit principal pour constituer un ensemble solide.
Si l’on prend comme exemple Jeannot et Colin de Voltaire, l’arc du personnage Jeannot, le protagoniste de l’histoire, est parallèle à celui de son ami d’enfance Colin et débute au même point, dans la situation initiale… Mais soudain, Colin quitte l’histoire et ne reparaît qu’à la fin en sauveur providentiel de Jeannot. L’auteur fait une mise au point en analepse pour nous expliquer comme le pauvre est devenu le plus riche et le plus heureux des deux! La chronologie des faits reprend ensuite sont déroulé logique traditionnel. Dans ma jeunesse je ne concevais que des structures narratives de ce genre plan plan…
Mais de nos jours, la plupart des romans et toutes les séries télévisées ont des groupes de protagonistes et les arcs de personnages viennent tantôt mettre en péril, tantôt expliquer, tantôt s’imbriquer dans l’arc principal de l’histoire. On est dans l’art gothique narratif où tout contribue à la beauté d’ensemble mais dont chaque élément est une oeuvre d’art en soi!
Point de Patrick Jane sans Teresa Lisbonne, Cho, Rigsby ou Van Pelt… Ou pas de Leroy Jethro Gibbs sans Anthony DiNozzo , Caitlin Todd, Abigail Sciuto, Timothy McGee, Ziva David et Donald Mallar ! Ou encore pas d’Adrian Monk sans Natalie Tigger ou Sharona Flemming ! Et ils ont tous leur destinée à réaliser, en des arcs autonomes, destinée qui intègre celle des personnages principaux, de chapitre en chapitre ou d’un feuilleton au suivant. Certains acteurs se sont ainsi rendus indispensables à la série parce que le public a voulu en savoir plus sur eux… Et leur arc s’est allongé sans tout exploser, rendant intéressants les « spins off » de série.
Maintenant, me voici réconciliée avec cette expression… cet « arc » qui ne tire pas de flèche mais construit sa part d’intrigue pour la complétude et la beauté de l’ensemble… Des arcs de triomphe, plutôt.
Néanmoins il faut bien dire que le récit choral n’est pas une invention moderne ! En son temps Hugo ( et ce n’est pas un exemple unique loin de là) nous a conté la vie d’Esmeralda, les agitations de la cour des Miracles et l’égocentrisme du beau Phoebus ou les noirceurs de Frollo exploitant Quasimodo en des chapitres aux actions décentrées. La structure n’est pas nouvelle mais l’imbrication des faits est désormais orchestrée de main de maître par des scénaristes qui manipulent le spectateur en lui cachant des étapes ou les démultipliant par des rêves éveillés où en nous proposant divers points de vue des mêmes faits… Tout pour nous tenir en haleine et nous ébahir par l’architecture complexe de leur oeuvre.


Un « roman pastoral » japonais

S’inspirant du roman « Daphnis et Chloé » de Longus ( qui date du II ou IIIème siècle de notre ère et a plus tard inspiré Rousseau), Yukio Mishima (1925-1970) a écrit en 1954, « Le tumulte des flots » dans lequel deux jeunes gens, Shinji Kubo le pêcheur et Hatsue Teru la plongeuse, dix-huit et seize ans, se séduisent et se vouent un amour pur qui vainc finalement tous les obstacles placés sur la route de leur union.
Après avoir lu la biographie de Kimitake Hiraoka, dit Mishima, j’ai pensé que cette oeuvre devait être une création mineure pour cet auteur qui a connu la gloire à 24 ans avec une oeuvre qui aurait fait de lui, de nos jours, un défenseur actif de la cause LGBT… Il a rédigé ensuite, en 1954, ce « roman pastoral » qui parle d’un couple très ancestral dans sa dévotion aux dieux et son respect de l’institution du mariage…
Or ce n’est pas le plus grand paradoxe qui m’apparaît puisque cet écrivain qui a fini sa vie en organisant son suicide théâtral avec son compagnon d’alors ( par le fameux seppuku ) a écrit vers la fin du chapitre XII, quand Shingi passe en revue les solutions qui s’offrent à eux du fait qu’on veuille les séparer :  » Un double suicide ? Il y avait déjà eu dans l’île des amants qui avaient pris cette solution. Mais le solide bon sens du jeune homme la repoussait et il se disait que ceux-là étaient des égoïstes qui ne pensaient qu’à eux. Il n’avait jamais cru que la mort fût une solution et, avant tout, il avait une famille à soutenir. »
On est au pays des kamikazes, alors il est toujours question de suicide dans leur conception des choses… Le plus fort, c’est qu’à la suite de cette réaction raisonnable du personnage principal, l’auteur écrit ces mots époustouflants :  » Le jeune homme qui était peu expert dans le maniement de la pensée fut étonné de découvrir que l’une des propriétés inattendues de la réflexion était son efficacité pour tuer le temps« ! On rêve, non ? L’auteur aurait mieux fait de réfléchir comme son personnage et soit, de ne jamais se marier, soit, de ne pas faire de ses enfants des orphelins sous prétexte de concrétiser sa conception du samouraï !
Alors j’ai certes cru retrouver dans certains personnages des caractères qui pourraient très bien leur avoir été donnés à partir de l’expérience vécue par l’auteur : a ) – la mère de Chiyoko, la jolie fille du gardien de phare qui se croit laide et par qui les ragots issus de sa jalousie font souffrir les héros, a poussé son enfant à faire des études et rappelle ce que je m’imagine de la mère de l’auteur « Parmi les gens du village qui l’écoutaient, fascinés par son éloquence, certains la comparaient défavorablement avec leurs femmes taciturnes et regardaient le gardien avec une compassion déplacée« . Cette femme « sortait toujours vainqueur de ses argumentations avec son mari« ; je pense ainsi car j’ai lu que c’est la mère de Mishima qui a fini par obtenir du père l’autorisation de le laisser devenir écrivain. b) – Miyata Terukichi, le père d’Hatsue, est un homme riche et « on pouvait dire qu’il était la personnification de tout le travail, la résolution, l’ambition et la force d’Utajima » ( l’île où se passe l’action), il « remplissait de crainte ceux qui le regardaient » or la biographie de Mishima nous décrit le père de l’écrivain comme un individu de ce genre.
Pourtant je préfère cesser de relier ce roman à la biographie de Mishima puisqu’il me paraît totalement à part dans sa production littéraire et, pour mieux goûter tous ces passages reliés à la nature dont les héros tirent leur force, je veux, comme je le fais en lisant Rousseau « éducateur » dans l’Emile, ne considérer l’oeuvre que par elle-même… Car l’auteur nous a offert des scènes et des descriptions d’une très grande poésie : qu’il nous raconte les saisons de pêche « dans les profondeurs du Pacifique », qu’il nous fasse monter les deux cents degrés de pierre pour nous rendre au temple de Yashiro où prier le dieu marin, après avoir discuté d’un vers de Verlaine à la réunion hebdomadaire de « l’Association des jeunes gens », que nous montions au sommet de la montagne, dans les ruines de l’observatoire sur « cette île toute en pentes raides, avec de rares parties plates » où seuls les chats sont admis, pas loin du phare, là où, p. 41, « seul le tumulte des flots se répercutait à travers la végétation » pour que les deux jeunes gens à la vie rude s’éveillent à leur vie d’adultes… Un flot de détails infiniment anodins mais d’une grande saveur typique nous rend témoins des faits avec naturel, de rencontre en rencontre… dans les prémices de cette histoire sentimentale pure. Je me suis crue dans un drama.
En ce début de vingtième siècle, le frère de Shinji, Hiroshi, nous distrait en partant, grâce à l’argent gagné par l’aîné, soutien de la famille depuis le décès de leur père, en voyage scolaire à la ville et découvrant le cacao ( qu’il compare à de la pâte de haricots rouges) ou les westerns américains au cinéma où il ignorait même que les sièges pouvaient devenir infiniment moelleux une fois dépliés. Les jeux des jeunes garçons ( cowboys et indiens ou exploration de grotte) sont des intermèdes entre deux étapes de l’histoire principale.
Le récit est rythmé par le rapport des gens avec la nature et les saisons sur deux ans, commençant au printemps par la rencontre, fin de l’été p.159. A l’automne ils ne sont plus reliés que par des lettres et puis l’hiver passe et ils ne peuvent toujours pas se voir… mai revient p. 173. Ils sont menacés par les triangles amoureux créés par Chiyoko et le fils de riche Yasuo, beau parleur fainéant mais meilleur parti car fils de notable… A la « saison des pluies », chapitre XIV, Shinji et Yasuo partent en campagne de pêche… En compétition!
Les gens sont superstitieux ( ils achètent des talismans, se fient aux auspices comme les Romains ou au vol des papillons p.165, se croient une réincarnation de légende, comme le prince Deki p. 163).
Certains détails m’ont révoltée ou laissée perplexe du fait de la différence de civilisation : Shinji joue avec le poisson encore vivant, se montrant cruel sans raison comme un chat ou la justification des travaux des femmes : « elles n’ont aucun lien avec ce vaste monde »… ? p. 94 ou le « concours des plus beaux seins » entre les plongeuses ou encore l’éternelle mention de shôyu ( p. 27) et « saké du soir » (p.116 ou 221)!
Enfin une tentative de viol avortée grâce à une guêpe et l’exploit marin colossal pendant la tempête à Okinawa résolvent cette histoire positivement.
On constate que l’île manque d’eau douce pendant la saison sèche, ce qui rend nécessaire les tours de puisages obligeant à se déplacer la nuit : la Nature a toujours dicté ses droits. La source est, au chapitre IX, prétexte à des descriptions que j’ai déjà lues sous la plume de Pagnol.
Cette lecture m’a baignée dans la simplicité d’une vie proche de la nature, celle des pêcheurs d’Utajima vers 1935, qui pêchaient le poulpe, les ormeaux, les algues wakamé… Avec Shinji qui « avait toujours eu du bon sens » et Hatsue qui  » n’était pas d’une nature bavarde », tous deux droits et honnêtes.
J’ai fait un beau voyage dans le temps !

Edition Folio n°1023, ISBN 9 782070370238. L’illustration de la couverture est inutilement racoleuse. L’histoire d’amour racontée est plus pudique que le laisse entendre cette image.


Lectures de Cours Élémentaire

Dans mon hypermarché très banal,
De nouveau, un objectif très commercial
Nous permet d’étoffer l’étagère
Des lectures enfantines qui doivent plaire,
Afin que des illustrations sûres
Et des idées aux intentions pures
Nourrissent des petits le vocabulaire
Et enchantent leur imaginaire.
Mininous lira de belles histoires
A LittleUs qui voudra bien les croire.
🐦Dans « Petit Kiwi, grand ami » et 🦩 »Le flamant rose qui ne voulait pas être rose » Christelle Saquet pousse ( avec Virginie Grosos puis Alice de Page) nos petits à l’acceptation de soi et des autres.
Avec « Le mystère des deux dragons » Nane & Jean-Luc Vézinet avec Virginie Grosos s’adressent aux petits dessinateurs qui seraient capables de réfléchir au geste de l’artiste qui stylise son dessin pour parvenir à l’épure comme les estampeurs asiatiques ( la réflexion est vraiment très ambitieuse).
En lisant « Edgar en route pour l’arbre à voeux » comme « Cherche et trouve Edgar autour du monde » c’est un joli 🦊 renard qui emmène les enfants d’un coutume originale à la visite de plusieurs pays… L’enfant est aidé par les illustrations tellement riches en détails nombreux de Marion Péret sur des idées d’Emmanuelle Gras.
« La moumoute du mammouth Helmouth » comme « La moustache de Chiquita » les petits vont être poussés à considérer la pilosité des uns et des autres comme une composante banale de la personnalité de chacun, afin que tout le monde puisse être fier de ses particularités personnelles et ne plus harceler personne.
En découvrant « Respire! La relaxation adaptée aux enfants » Claire Lucq va bien étonner les parents. Les dessins de Sophie Van Ophalvens permettent de bien comprendre cette méthode devenue nécessaire à notre époque où les enfants sont, pour la plupart, très agités et manquent de concentration sur une longue durée.
Si « Dessine-moi un ours blanc » vaut plus par les illustrations magnifiques de Virginie Grosos que par la simplette intrigue qui rappelle un peu trop « Le Petit Prince » et sa minuscule planète ou si j’ai regretté l’achat de « Jada sauve la forêt fabuleuse » parce que les textes qui imitent l’écriture cursive montrent des o écrits comme des a (comme c’est agaçant !) et un vocabulaire plus familier, ce n’est pas très grave car chaque livre ne vaut qu’un Euro, à peine de quoi justifier la disparition des arbres qui ont fourni la pâte à papier de ces livres édités chez « rue des écoles »! La collection comprend vingt titres et j’en ai acquis douze.
Mais je délivre une mention spéciale à « Le tour du monde des sports« , de Jean Durry et Thomas Tessier ! C’est « LE » livre à acheter en cette période de JO…
J’y ai appris beaucoup moi-même et notamment pages 10 et 11 dans la partie « L’Angleterre invente le « sport » » où l’étymologie du mot est développée par des faits historiques précis.
Avec ce livre-là, je suis certaine de faire plaisir aux papas de mes petites lectrices familiales!
Conclusion : il faut courir à Carrefour afin que ces arbres n’aient pas été transformés pour rien car le pilon n’est pas une fin morale pour ces bouquins-là. ( Et je n’ai absolument aucun intérêt financier à faire cette suggestion-ci !)


L’humain de Mémèf

M’étant enfin procuré l’excellent ouvrage de mon chroniqueur humoristique préféré, Patrick Fouillard ( cf le lien de son site, Jourdhumeur, dans ma page de liens, accessible par les trois barres situées en haut à gauche de cette page de mon blog), je me suis installée confortablement pour ouvrir le roman, Le détective et la Comtesse, dont la couverture s’orne d’une silhouette noire de chat.
Le héros a un chat. Comme je crois qu’un homme qui aime et accueille un chat partage avec moi un trait de caractère me paraissant fondamental (l’intérêt pour la nature animale), je découvre avec plaisir que Désiré, a, à 22 ans, cet amour de la gent féline au point de recueillir un chaton abandonné dans une poubelle et de s’y attacher. Et de lui donner un surnom affectueux marrant alors qu’il l’a baptisé Méphistophélès, comme nous le faisons tous!
Quel homme intéressant dès les premières pages.
L’humain de Mémèf est un jeune homme sympathique. Il a une mère qu’il visite hebdomadairement, s’imposant le repas familial en vue de l’héritage (trait d’humour de l’auteur car le jeune homme aime bien sa mater malgré ses comportements). Il débute dans la vie et peine à se libérer de l’aide économique de sa maman. Sa copine, une routière amatrice de piercings, m’a bien amusée. Ses réactions de mec jaugeant chaque femme rencontrée m’ont fait sourire. Que son oncle alcoolique soit son zorro m’a attendrie prouvant ainsi son sens de la famille.

Encore une fois, Patrick Fouillard, comme dans Dossiers froids, avec l’inspecteur Isidore Lune, nous brosse toute une galerie de portraits inattendus, originaux et très distrayants.

Désiré n’est pas un surhomme, lui. Il enquête à un rythme de sénateur, a des manies qui le rendent plus vrai que nature comme le fait de rouler ses cigarettes ( un fumeur… Ça, ce n’est pas bien moderne pour un jeune comme trait de caractère… Je l’aurais préféré adepte de boissons sans alcool. Il est rétro, ce gosse.) et il progresse dans ses recherches plus par hasard que par son mérite personnel. Il se laisse souvent porter par les événements. Bref, c’est un monsieur Toutlemonde donc il est très attachant.

Dans ce second roman, l’auteur est fidèle à son style plein d’humour (par exemple dans les appellations des personnages comme le nom d’un chat disparu, l’allusion au dentier d’une vieille dame souriant… ) et au genre original du polar sans violence excessive ( c’est juste Désiré qui fait les frais de ses mauvaises rencontres, lui qui n’a pas d’arme).

Ai-je apprécié ma lecture ? Dans l’ensemble oui, largement. A 96 %. Les détails qui ne m’ont pas plu tiennent 1) à mon ras le bol, très antérieur à cette lecture, au sujet des faits concernant les guerres mondiales, 2 ) à mon peu d’intérêt pour les personnages de buveurs comme le tonton Néness qui n’est pas Elliott (Maigret m’a lassée pour cette manie de boire dans tous les cafés rencontrés.) … 3) à mon virus orphelin personnel qui semble perdurer ( je n’ai plus vraiment envie de lire de roman et puisque j’ai lu celui-ci en moins d’une semaine, c’est qu’il a des qualités !) et 4) au fait que je n’ai pas eu, ou compris, certaines pièces du puzzle de l’affaire principale ( l’amant de la comtesse et leurs véritables opinions pendant la guerre). Mais tout ceci ne tient qu’à ma personnalité… L’auteur mérite de meilleurs lecteurs que moi.

Recommanderais-je cette lecture ? Bien sûr parce que c’est un récit qui fait la part belle aux études psychologiques et j’ai passé d’agréables moments à le suivre. J’ai prêté mon exemplaire à ma fille chérie dès hier, sans plus tarder, afin qu’elle l’emmène à la plage. Désiré va prendre le soleil et il en aura besoin car elle l’a fait prestement disparaître dans ses bagages.

Conclusion : Si le tonton de Désiré ne lui vole pas la première place, je suivrai volontiers la prochaine enquête de l’humain de Mémèf !

LA CRITIQUE de Patrick en autocongratulation, toprédaction !!!


Des contes à rectifier le conformisme

Pour contrer la formule « des contes à dormir debout » et en faire lire à ma petite-fille d’inédits et originaux… j’ai fait une trouvaille dans mon hypermarché préféré, Carrefour pour ne pas le nommer !

Après les cartons imprimés pour devenir fusée ou carrosse ou château 🏰 afin que les petits enfants, aimant le coloriage, puissent s’en donner à coeur joie…
Carrefour propose un produit qu’il faut vraiment acheter quand on a, comme moi, dans sa famille, un enfant en maternelle ou CP.
Pour fêter ses 60 ans, (âge auquel je suis devenue grand-mère pour la première fois), cet hypermarché commercialise à 1 Euro seulement ( comment les auteurs peuvent-ils être assez rétribués pour leur travail à ce prix si bas?) 6 ou 7 albums de contes dont j’ai eu la bêtise de n’acheter que ceux-ci…
Bien sûr, j’avais pris la peine de parcourir ces quatre contes en magasin, afin de privilégier le caractère agréable de la mise en page et l’esthétique du dessin, (selon mes goûts) mais je ne me suis rendue compte de leur valeur qu’une fois rentrée chez moi !
Chaque conte combat des à prioris stupides de la vie quotidienne, dénoue des situations possiblement conflictuelles dans les rapports humains et engage tout le monde à envisager autrui avec ses différences.
Le popotin de Potamie démontre comment l’hippopotame femelle ainsi nommée sort d’affaire plusieurs personnages grâce… à son arrière-train !
Le sac à dos rose rappelle que les garçons aussi peuvent porter la couleur rose et que tout enfant peut vivre dans un foyer où le papa effectue des tâches ménagères en aussi grand nombre que la maman. Il y a un phénomène de retournement de situation quand le petit garçon qui a perdu son sac à dos se voit prêter celui de sa soeur et que l’écrivain suggérait qu’il ne pouvait pas s’en contenter : le garçon interpelle le narrateur du conte qui doit recommencer son récit phallocrate pour l’amender.
Amis pour la vie rassure l’enfant sur les conséquences d’une séparation d’avec un ami. Ce texte est très poétique.
Le doudou du Capitaine montre des corsaires, (ces affreux personnages de contes de fées aussi présents dans les goûters d’anniversaire des tout-petits que les fées et les licornes), cachant un souvenir d’enfance.
Mais ce dernier récit n’est pas à lire sans explications préalables car dans le contexte actuel des informations, il ne convient guère d’inciter un enfant à considérer que les méchants ont de bons côtés ni les habituer à estimer les mauvais individus comme plus intéressants que les gentils… Il faudra réserver cette lecture au moment où un film aura fait peur à l’enfant en prenant toutes les précautions possibles.
Mininous va adorer ces points de vue modernes, elle qui ne fait jamais rien comme on s’y attendait! Nul doute que ses commentaires m’époustoufleront… J’ai hâte !


Les quartiers de Lune et du Détective (MAJ1) 🗃️📙

En juin 2022 j’ai rendu compte de ma lecture du premier livre de Patrick Fouillard, Dossiers froids, édité aux Editions Ouest France.

Un deuxième polar, Le détective et la comtesse, vient de paraître dont l’article de MARCEL1712 fait la critique sur son site MES AMIS LES LIVRES . (suivez le lien sous le titre du blog).

J’ai commandé le second livre et j’en attends livraison.

En attendant voici ce que j’écrivais concernant le premier roman en juin 2022 :

– ça se passe où ?

– à Ploutrécat, en Bretagne fictive. Il y a la gendarmerie dirigée par Arouet, la casse de Lulu, le restau de Marie-Jo, le bistrot d’Oeil de velours et ses anarchistes, la boulangerie de Le Cam, la charcuterie de Jean-Louis Tréguic, le docteur Le Boullonec, une mercerie, une mairie, une pharmacie, une école avec ses instits… tous les habitants « historiques » et les nouveaux implantés, les riches ou bien le curé, Joseph Diabaté, au parcours atypique… Bref, tout le monde se connaît là-bas… et pourtant !

– C’est-à-dire ?

– Ben, l’ex-maréchal des logis de la gendarmerie, Isidore Lune, va consacrer son temps libéré de néo-retraité à la reprise d’une série de trois affaires non élucidées, trois disparitions de petites-filles de 6 à 7 ans, en sachant très bien que le coupable ne peut être que quelqu’un du coin !

-Il est comment ce Lune?

– Un original, celui-là ! Il préfère le thé au café, il ne jure pas ou presque. Calme, il aime ses deux chattes et ses arbres « élevés » depuis leur graine… Il nous étonne à chaque page, ce type ! Il aime aussi son prochain, par esprit civique. Sportif, il est golfeur et passionné de football télévisé, en abonné à l’Equipe. Fidèle en amitié, cet « indécrottable célibataire » roule en 2CV Charleston jaune et noir, modèle 1982. Il a besoin de tout noter pour bien réfléchir… Une figure, je te dis.

-C’est une histoire de vengeance qui se mange froide?

-Pas du tout ! A la Hercule Poirot ou Maigret, Isidore mange de bons petits plats en interrogeant les gens mais il n’a aucun tic à la Monk et n’est pas un alcoolique comme le commissaire. Dans ces pages, on discute autour d’un plateau de fruits de mer, on ramasse du bois flotté ou on répare la deudeuche… Et le gendarme réfléchit… déduit… avance. Tu sais à Ploutrécat, on vend encore les boutons ou les vis à l’unité alors il faut ménager les susceptibilités locales ! Il faut aller à Erquy pour trouver du romantisme!

– Le tout ne file pas sur les chapeaux de roue, alors?

– Mais c’est justement là ce que j’ai apprécié en venant faire un tour à Ploutrécat, en Bretagne avec des Bretons ! Crois-moi : j’ai lu et relu pour repousser l’arrivée à la conclusion parce que c’est Lune de Bretagne qui vaut le coup… Et maintenant que j’ai été, par la force des choses, expulsée des lieux… Ils me manquent!

            Si vous voulez une critique plus explicite de cette oeuvre de Patrick Fouillard dont je vous recommande la lecture… Allez vous informer sur BABELIO, avec Maman Lyonnaise, Natn et Yvpol qui ont eux aussi apprécié ce roman policier (lien ci-joint) .