Réfléchir sur trois fois rien, demeurer dans le léger pour ne pas s'abîmer dans le grave.

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MISAENG : une « vie incomplète »

Tel est ce que ressentent les employés de bureau de l’entreprise d’Import-export One International et particulièrement les quatre stagiaires : Jang GeuRae (qui n’a réussi à être embauché que pour un CDD de deux ans), mademoiselle An YeongYi, la plus compétente qui soit, Jang BaekGi et Han SeokYul, les trois qui ont obtenu une embauche en CDI à l’issue du stage de trois mois qu’ils avaient tous fait avec une dizaine d’autres postulants non embauchés.

Pour avoir passé plus de 16 heures (au moins) en leur compagnie, en découvrant les épisodes de MISAENG, j’ai réfléchi à la « culture d’entreprise » et plus précisément à celle de cette entreprise fictive coréenne d’Import-Export en voyant les employés vivre à l’étage où se situe le service du meilleur chef qui soit : Oh SangSik (tout à fait dans le genre du chef Park DongHun de My Mister dont j’ai déjà loué les qualités) et de ses deux subordonnés sympathiques dont Kim Dong Sik, une « bonne pâte » d’homme.

Quelques éléments pour ceux qui n’apprécient pas les dramas et tous ceux qui n’en regardent pas :

L’intrigue : Tout repose sur le fait que le héros,Jang GeuRae, n’a guère de chance d’être embauché définitivement bien qu’il ait réussi le stage d’embauche, parce qu’il n’a pas de diplôme (il a le niveau BAC mais n’a pas passé l’examen) s’étant entièrement consacré jusque là (il a 26 ans) à la pratique du Go, le jeu de stratégie dont il n’a pas réussi à devenir joueur professionnel. Le spectateur s’inquiète donc de l’avenir de ce garçon qui, totalement déboussolé dans le monde du travail, applique les techniques, les stratégies, du jeu de Go et de son entraînement intensif (de 12 à 25 ans) à son apprentissage progressif des lois du commerce! Il se heurte à l’animosité de ceux qui lui reprochent d’avoir été pistonné pour être admis sans diplôme et surtout pâtit de son manque de culture (il ne parle pas anglais, il ignore les termes commerciaux…etc). Mais il est tombé sur un chef de service intègre qui détecte son potentiel et se bat pour le faire embaucher définitivement. Il noue une amitié profonde avec ces 3 co-stagiaires, (YeongYi, SeokYul et BaekGi) puis avec son chef M. Oh et son collègue au caractère si agréable, DongSik.

Les thèmes abordés :

a) la difficulté de trouver un emploi et surtout un CDI, à notre époque, même quand on est une personne qui a le sens du devoir.

b) L’amitié et la famille. Comme d’habitude dans tous les dramas, l’une est garante d’une existence moins pénible et l’autre au contraire crée souvent des obstacles ou des traumatismes pour son accomplissement personnel.

c) la hiérarchie: elle rend hostiles aux nouveaux tous les supérieurs en place. Elle génère une lutte pour gravir les échelons (cette entreprise est un panier de crabes et tous sont pincés peu ou prou, d‘où leur sentiment d’une vie incomplète).

d) la concussion qui crée de nombreux laissés pour compte et des « victimes collatérales »(les employés-fusibles sont accusés à la place des véritables malhonnêtes et l’une d’entre eux s’est suicidée).

e) le bon management et le respect qu’inspirent les honnêtes gens : on distingue fort bien les chefs compétents qui animent leur service d’un même esprit honnête et les autres qui marchent sur leurs subordonnés pour se placer ou cèdent aux sirènes de la malhonnêteté.

f) la misogynie du monde du travail, en Corée (exactement comme en France dans certains métiers) car les femmes sont traitées comme des sous-fifres ou poussées à démissionner pour soutenir leur époux. Elles sont encore plus détestées quand elles se révèlent plus compétentes que certains machos.

g) les difficultés de communication entre les bureaucrates et les employés du secteur industriel, ceux-là méprisant ceux-ci au nom de leurs nature de cols blancs et ces derniers demeurant persuadés qu’on les exploite sans ménagement. SeokYul est le gars qui démontre que les deux parties de la société active sont dépendantes l’une de l’autre et que les employés ont une vision incomplète de la vie s’ils se croient capables d’exister sans travailler en bonne entente avec l’autre département de la société One International.

Mes meilleurs souvenirs de cette série et les raisons de la considérer comme très réussie :

** Les héros sont de vrais gens honnêtes qui se donnent à fond pour leur métier. Il faut rappeler qu’en Corée la valeur du travail est extrême et les heures de présence au bureau ne se comptent guère! Les travailleurs peuvent dormir au bureau et y retourner à n’importe quelle heure, ce qui est inimaginable dans ce que je sais de la société française ! Ce mode de vie dévoué au travail contribue à forger des liens étroits entre les plus jeunes collègues qui s’apprécient… mais ce n’est évidemment positif que pour les célibataires car les gens qui ont une famille la délaissent forcément de ce fait et se créent des soucis relationnels dans leur foyer. Ce qui était un atout devient un problème et j’ai admiré le sens du devoir et les valeurs de mes personnages préférés.

Pendant ma vie active, j’étais au plus tard rentrée chez moi à 19h30 (du fait des difficultés de circulation sur les routes) en dehors de la dizaine de jours de réunionnite aigüe par année scolaire,[ les jours de conseils (de classe ou d’administration) ou de réunions parents-professeurs et ces soirs-là étaient vécus comme d’affreuses contraintes réductrices de notre liberté (surtout quand je me faisais disputer par quelque individu mal intentionné)… de véritables obstacles et soucis, quand nos enfants tout petits nous attendaient à la maison ]! L’établissement scolaire était donc fermé au public dès 17 heures la majeure partie du temps! Aucun élève ne peut y retourner avant le lendemain à 8h30 sauf les quelques malheureux élus par leurs pairs convoqués à ces réunions et ceux que les parents emmènent aux réunions avec les professeurs. Alors il est inimaginable que des gamins entrent au CDI oui dans les bâtiments après 17h… or dans les dramas on les voit se rendre en étude à point d’heure !

** Je n’oublierai plus la tête de M. Oh à chaque proposition inattendue de GeuRae qui se révèle, trois fois sur quatre, très judicieuse, à chaque réussite de cet homme en devenir. Le regard que pose l’aîné sur ce jeune, qui se débat et avance avec obstination pour se faire une toute petite place dans la société, évolue de l’indifférence outrée, quand il croit ce stagiaire simplement incompétent et pistonné, vers un véritable respect pour son subordonné volontaire et une affection vraie les lient définitivement.

Les téléfilms coréens sont les meilleurs pour montrer cette construction progressive d’une relation profondément respectueuse d’autrui et cet échange d’humanité qui rend heureux. On doit lire sur les visages et imaginer ces pensées par le jeu de l’acteur. Les Coréens sont très intériorisés pour tous les sentiments relationnels… alors qu’ils peuvent, paradoxalement, pleurer dans la rue ! Quel peuple étonnant!

** La structure narrative est rigoureuse et le premier épisode nous épate totalement car c’est une formidable course-poursuite dans les rues d’une ville d’Afrique du Nord (j’ai oublié son nom car on nous promène sur plusieurs sites… la Tunisie ou le Maroc) et Geu Rae saute d’un toit-terrasse à un autre avec une vélocité extrême, seul Asiatique qui en poursuit un autre en haut puis en bas des immeubles comme à travers la foule locale ou les appartements dans lesquels il entre par la fenêtre ou parfois… par le mur! Evidemment il interpelle le voleur recherché au bord d’un toit, en lui sauvant la vie car le poursuivi manque de s’écraser… (caméra plongeante puis vues en contrechamp se relaient pour rendre le tout haletant)…et paf! On le retrouve entrant comme stagiaire à Séoul dans l’immeuble de la société One International pour son stage de trois mois, habillé du costume de son père décédé. De même plus d’une fois les scénaristes font des scènes en miroir inversé de scènes précédentes pour compléter les indices fournis… ou humilier les méchants qui dominaient jusqu’alors. La fin reprend le narration au début puis « éclaire » notre compréhension avec une conversation qui réutilise exactement les mêmes mots qu’entendus au deuxième feuilleton mais destinés à celui qui les avait prononcés! C’est très fort.

*** Quelle inoubliable collection de personnages les plus attachants qui soient, même lorsqu’ils présentent un défaut gênant comme le chef de BaekGi, si froid en apparence mais qui sait pousser son stagiaire à exprimer son potentiel en choisissant enfin de s’impliquer! Voici un atout majeur de cette série. On constate que les générations d’employés ont eu le même cursus et sont reliées par les mêmes liens créés au boulot.Comme me le serinait ma mère : « la roue tourne »!

** Et puis je me souviendrai aussi des décors de cette histoire :

1. ces deux toits où les employés vont prendre leur pose en admirant Séoul. Ils échangent là leurs meilleurs moments de connivence et de réflexion sur la conduite à tenir… Il s’agit aussi d’un ressort narratif car ceux d’en haut peuvent intercepter des secrets ou la véritable pensée de ceux qui parlent en bas! … J’aurais bien aimé travailler avec M. Oh, moi, et me retrouver là avec eux !

2. le meilleur souvenir reste encore cette chambre d’hôtel où dorment les 4 jeunes gens après avoir travaillé tout un week-end pour réaliser, sous la houlette de M. Oh, le projet de la seule femme directrice de bureau parce qu’elle a des ennuis de santé (un burn out qui aurait pu la faire démissionner) … Tous les 4 endormis les uns sur les autres, à bout de forces, et pris en photo par leur chef attendri… quel moment gratifiant pour le spectateur attendri!

Bref, regardez cette série, elle vaut la peine. Aucune histoire d’amour romantique, juste des bons sentiments et… des dossiers, des dossiers, des dossiers !

Ce que j’ai détesté… ben le soju, tiens ! Il coule à flot dans leurs veines, les pauvres. Oui je sais, Domdom, que le vin tient une très grande place dans la tradition française et que les individus qui boivent régulièrement ou simplement qui estiment important d’avoir « une cave bien remplie » en France, sont nombreux. Quand j’étais dans la vie active, mes collègues parlaient souvent de « boire un verre »… mais moi, je ne bois pas autre chose que de l’eau et je « carbure » au chocolat et aux sucreries (je sais: c’est aussi mauvais pour mon corps) ! Je n’ai jamais eu besoin d’alcool pour dire des bêtises et faire le spectacle en société. Je n’aurais pas été bien vue si j’avais travaillé en Corée, au cours de ces réunions « de travail » imposées par les supérieurs, refusant de m’imposer ces petits verres qui rendent saouls.

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Des solitaires.👞.👡. en couples🎬

Dans MY LIBERATION NOTES , Yeom MiJeong , le personnage principal, est la fille d’un menuisier-agriculteur qui tombe amoureuse de Gu (sans prénom au début) , le nouvel ouvrier de son père dont l’alcoolisme et le mystère entourant sa « mise au vert » à la campagne l’intriguent… et sa beauté magique la séduit inexorablement. Tous deux sont des êtres sauvages, qui ne sont heureux que dans la nature alors qu’ils sont obligés de supporter la société et d’y travailler. L’acteur est Son Suk-ku, que l’on pouvait voir déjà dans D.P. . Cet homme est un si grand acteur que ses silences et sa démarche suffisent à me séduire ! (Attention : personne ne me séduira jamais autant que mon époux le fit et l’homme le plus beau pour moi restera mon fils!) Son Suk Ku a de la présence. Aussi séduisant en tee-shirt trop grand et tenue d’agriculteur qu’en costume , il joue en compagnie de l’actrice, Kim Ji Won (1992) qui a, elle aussi, un regard magnétique et une présence enchanteresse (en milieu de page sur Freakingeek on ne voit qu’elle!).

            La plus belle scène vécue par le couple de leurs personnages se situe à l’aube, lorsqu’ils courent sous un nuage d’oiseaux et qu’il la protège du bras (c’est… torride, hein? Ah Ah ! Dans « mes dramas », ceux que je choisis de visionner jusqu’au bout, les « affaires amoureuses » se tiennent loin des alcôves et c’est leur qualité première à une époque où tout s’étale en X, selon moi) :

            La série est aussi l’histoire de toute la famille Yeom avec le frère « philosophe du quotidien », ChangHee (Lee Min Ki ), la soeur qui parle sans filtre, GiJeong (Lee El), leurs parents ainsi que leurs amis proches et les malfrats qui recherchent Gu ou son chauffeur. Le soju coule à flots incessants . De ce fait, je n’ai cessé d’avoir envie de quitter ces personnages qui ne savent que boire pour faire face à leur difficulté à vivre puisque je méprise assez l’alcoolisme… La série ne serait, pour cette raison, pas du tout recommandable… et pourtant elle l’est puisque ces pauvres êtres laborieux font tant d’efforts pour survivre dans le monde actuel, pour exister en société malgré leur personnalité singulière, pour surnager dans la mer des soucis quotidiens, envers et contre tout… qu’on ne peut pas les lâcher.

            Tous les personnages sont des individus tellement bruts de décoffrage, tellement individualistes dans leurs aspirations profondes (les parents, par exemple, s’aiment mais, s’ils avaient pu vraiment choisir, ils ne se seraient ni mariés ni reproduits!). Ils sont tous totalement solitaires dans leur micro-société familiale comme amicale et celle du monde du travail pendulaire, qu’ils forment des duos plus… dos à dos que regardant dans la même direction ! La narration est extrêmement lente, au rythme de leur marche lorsqu’ils rentraient fatigués d’avoir tant travaillé dans les champs. Les gens pressés vont détester ce drama ! Plus d’une fois j’ai accéléré pour revenir en arrière par la suite, dans mon désir de savoir comment avançait la relation principale et finalement d’entendre les réflexions de chaque personnage, secondaire ou pas parce que les conversations sont émaillées de véritables réflexions philosophiques (le frère en est un peu le spécialiste, lui qui ne voulait avoir une belle auto que pour aller admirer tout seul un beau paysage!).

ATTENTION SPOIL à ne pas regarder

si on n’est pas romantique,

ou si on est intéressé par 16 épisodes d’une intrigue réaliste concernant une demi-douzaine de couples, une série dans laquelle toute la dimension sentimentale est disséminée, livrée au compte-goutte … dans la vidéo suivante sont presque toutes les images dont j’ai envie de me souvenir en premier quand je repenserai à cette série… et il n’y a presque aucune autre scène d’amour entre les deux héros dans tout ce feuilleton… et pourtant toutes les autres images, les rencontres d’autres personnages valent la peine d’être vus… au moins pour comprendre de quelle libération il s’agit dans le titre qui désigne le club formé par l’héroïne. L’objectif est de résister aux autres pour être soi-même envers et contre tous, évidemment!

Et la vidéo « BEHIND THE SCENE » pour montrer le travail des acteurs et de l’équipe de réalisation afin d’aboutir aux scènes les plus mémorables :

Les acteurs sont des magiciens qui nous offrent des rêves merveilleux !