Toile 💻🧵🎞️
Internet est une bibliothèque, une ludothèque, une vidéothèque… une étagère de produits qui me distraient et me cultivent. Je découvre beaucoup et je lâche aussitôt tout ce qui me déplaît dès que j’en prends conscience. Internet est une toile où je brode le fil de mes pensées, de mon savoir et la toile de conversations qui ne seront plus éphémères car fixées dans des serveurs… Les écrans deviennent comme les espaces de ma broderie, un espace palimpseste…

Un « ami internaute » s’est exclamé qu’il n’allait tout de même pas raconter la banalité de sa journée. Est-elle aussi banale qu’il le croit… ? Certaines gens à qui je parle de mes blogs me répliquent « Ah tu fais comme ces femmes qui prennent ce qu’elles mangent en photo. C’est sans intérêt » Et vlan! Une baffe de mépris sans même m’écouter expliquer la différence… Dans l’indifférence.

Répliquer qu’il n’est question d’aucune story, pas de TikTok toc toc, pas d’actu en tweet ni d’Instagram, ni de Facebook, (je ne fréquente les réseaux sociaux que dans mon groupe WhatsApp familial) est une perte de temps… Impossible de convaincre qui est déjà convaincu de votre petitesse, de votre simplicité, de votre insignifiance…
» – De quoi est-il question dans cet article?
– toujours de broderie finalement… et encore de « philosophie du quotidien » : écrire dans un blog, relire encore et encore pour laisser un tout petit récit riquiqui ou une poésie qui n’émeut que moi, lire sur la Toile les écrits des autres dans les blogs auxquels je me suis abonnée, y passer du temps, y poser deux mots , deux petits cailloux, par-ci par-là pour former un chemin mémoriel, croiser des connexions dans un pan de pensée, combler une vacuité dans mon intellect-gruyère, c’est combattre la vieillesse du cerveau, comprendre des tranches de vie pour mieux digérer les siennes… et broder cette étape actuelle … fleurir mon quotidien. Ecrire sur des… rien… POINT… mais jamais final.
Purgatoire
Depuis que je suis à la retraite, j’ai mis mes livres, tous mes livres au purgatoire pour les punir de m’avoir tellement éloignée de la vie du commun des mortels… Ils m’ont parfois fait vivre un enfer quand je devais sélectionner telle ou telle étude, accompagner de références mes cours… prouver que j’avais des lettres! Ils ont rempli mes jours pendant plus de 64 ans… Alors je les ai emprisonnés, entassés dans des placards, des bibliothèques au grenier et au sous-sol… délaissés, ostracisés de mon quotidien… et je leur en veux autant sans doute parce que depuis que je sais lire, je n’ai jamais su bien faire autre chose que lire des bouquins et que j’enrage d’avoir été si peu concernée par le quotidien. Incapable de faire fonctionner une chaudière, de repérer les fusibles, de réparer la porte du garage… Sans Papy H. je suis inadaptée au quotidien!

Et voici pourquoi, depuis six mois, plus aucun roman ne me passionne, plus aucun livre ne m’aide à m’endormir… J’ai remplacé mes études de textes par des activités pratiques et même mes distractions ont changé puisque je fais de la broderie. Moi qui n’ai jamais aimé cuisiner, j’ai hanté la cuisine de bon matin et tard le soir… Je n’étais donc pas du tout une véritable intellectuelle, telle est la conclusion à en tirer…
Désormais… je lis pourtant beaucoup, je lis toujours chaque jour…. Je visite des blogs, en sélectionnant des articles, des découvertes de rédacteurs à fréquenter avec assiduité parce qu’ils me donnent beaucoup à réfléchir… Ces écrits m’arrêtent par leur thème, leur humour, des extraits de l’existence d’inconnus qui m’étonnent ou m’amusent, leur caractère artistique ou leur point de vue original sur des événements très banals… de telles lectures me prennent ainsi une partie de mon temps.
La lecture d’images dévore d’autres moments souvent vespéraux car la télé conclut nombre de mes journées avec ces dramas qui me ravissent, sur Netflix, ou les émissions enregistrées pour en supprimer pubs et blablas insupportables, comme :

Si bien que j’écoute aussi des chanteurs qui m’émeuvent comme les juges de cette saison qui s’expriment assez bien pour parvenir à justifier la peine infligée aux refusés ou à encourager les concurrents plein d’espoir. Leur français est varié et riche; ils ne savent pas faire uniquement des phrases mélodiques mais motivent, démontrent, séduisent, échangent… Il me semblent bien plus humains et attentionnés que ne l’affirment les commentaires d’internautes déçus. Pour une émission évidemment commerciale, les instants que rien ne peut trafiquer sont légion (comme la joie des parents, l’espoir des postulants) et valent la peine que j’y consacre de l’intérêt. J’avoue même que je suis bien souvent émue aux larmes!
Ecouter des morceaux de musique, sur Youtube, que je place en favoris sur mon portable, m’extasier devant des vidéos de danse ou des spectacles vécus par ces foules que je crains tant mais dont l’enthousiasme est bien communicatif… tous ces regards rivés sur le smartphone grignotent encore une autre part de mes instants quotidiens…
Ajoutons que depuis plusieurs années maintenant la consultation des dictionnaires est informatisée. Plus besoin d’ouvrir son Robert ni Larousse avec le CNRTL! Je consultais Gaffiot et Bailly sur le Net depuis belle lurette! Les profs de lettres classiques sont parmi les plus modernes, eux qui enseignent des « lettres mortes »!
Passons sur les nécessaires occupations du ménage, des courses et des soins d’hygiène et n’oublions pas les conversations avec ma famille… 24 heures se sont écoulées sans ouvrir un roman!!! Et j’ai vécu six mois sans ces piles de livres qui occupaient table de nuit et bureau, sans ces piles de feuilles où je devais noter ceci ou cela… et même sans trop parler… ou au moins sans être obligée de parler à qui me dérange! On peut comprendre maintenant pourquoi j’ai « retrouvé le chemin de mes blogs »!
Les livres dorment dans mes placards… chut!!! je ne les réveillerai pas demain!